Il s'agit de l'émetteur de Radio libre 44, créée à Nantes le 12 juin 1977 pour protester contre le projet de construction d’une centrale nucléaire. Les émetteurs, miniaturisés et d'un faible coût, auront été une des conditions de l'émergence des radios pirates. Dans la revue Interférences, qui va être un lieu d'élaboration intellectuelle d'une pensée sur la radio de proximité, de quartier, "libre", Antoine Lefébure écrit : "On en a marre des monopoles, avec des spécialistes qui font tout à notre place. On veut s'emparer de tout, de la radio, de la musique, de la ville. C'est pourquoi on commence à bricoler. On passe de citoyens désarmés à pirates armés."

Qualifié de « luxueux », de « sobre » et d’« élégant », par ses concepteurs, ce combiné apportait à l’amateur « les joies de la radio et des disques ». Il bénéficiait de quatre haut-parleurs stéréophoniques, dont deux à feuilles d’or. Le récepteur de radiodiffusion était pourvu d’un indicateur visuel d’accord. Deux prises de raccordement pour magnétophones à bande magnétique permettaient l’enregistrement en modes monophonique ou stéréophonique. L’ensemble était disposé sur une console, « porte-disques ou porte-revues », d’un design très contemporain propre à s’intégrer parfaitement dans les salons des amateurs exigeants et épris de nouveautés.

Ce poste de radiodiffusion appartient à la gamme Translitor, composée de postes portatifs ou de poche équipés de transistors, qui a fait la réputation du Français Pizon Bros sur le marché européen. Le Translitor 900 a la particularité de se séparer facilement en deux blocs amovibles, le récepteur et le haut-parleur. Le bloc récepteur peut être inséré dans l’espace prévu pour l’autoradio dans le tableau de bord de n’importe quelle automobile. Le slogan publicitaire, « Une seule acquisition, trois utilisations », était utilisé par le constructeur pour diffuser dans les foyers ce poste pouvant aussi bien servir à domicile, à l’extérieur ou en voiture, accompagnant ainsi les nouveaux modes d’écoute de la radio qui se développèrent dans les années 1960.
"La diffusion des récepteurs obéit aux mêmes lois que celles des réfrigérateurs ou des machines à laver. Ils pénètrent d'abord dans les milieux relativement aisés puis à mesure que les prix diminuent en valeur relative, ils conquièrent d'abord les couches à revenus moyens, ensuite celles dont les revenus sont les plus modestes", écrit le sociologue Francis Balle, Institutions et publics des moyens d'information, 1973.